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Présentation générale

 

Chères visiteuses, chers visiteurs… mages et alchimistes !

Dans le cadre de l’inauguration du Centre International du Surréalisme et de la Citoyenneté Mondiale – Maisons André Breton et Émile Joseph-Rignault, la mairie de Saint-Cirq-Lapopie et l’association La Rose Impossible, gestionnaire des lieux, sont heureux de pouvoir présenter l’exposition inaugurale « À flanc d’abîme : Surréalisme et Alchimie ».

Placée sous le signe de l’exploration poétique du merveilleux, cette exposition est désireuse de restituer l’un des aspects les plus énigmatiques de la création artistique du XXe et du XXIe siècles, le dialogue fécond entre l’Art et l’alchimie. Ce dialogue s’observe tant dans les potentialités poétiques de la langue des alchimistes, dite « langue des oiseaux » que par la force des créations picturales propice à restituer cette « métaphore de la création ».

Dans un cadre bâti et paysager exceptionnel mis en valeur par la rénovation de la Maison d’André Breton et le dédoublement du parcours de visite, l’exposition présente un fonds inédit d’aquarelles, collages et carnets réalisés par René Alleau (1917-2013). Écrivain proche du groupe surréaliste de Paris et éminent spécialiste de l’histoire symbolique (alchimie, sociétés traditionnelles), cet ancien ingénieur-conseil devenu chercheur en études symboliques s’inscrit dans la lignée des personnalités méconnues du XXe siècle mais dont l’influence sur le surréalisme appelle à être pleinement réévaluée.

Au fil de l’exposition, nous proposons de restituer cette quête d’Absolu, possible reconfiguration du monde à partir de l’observation et de l’exploration des forces primordiales de la nature (paysage, oiseaux, pierres) qui animent aussi bien l’œuvre d’André Breton, que celles des artistes surréalistes venus à Saint-Cirq-Lapopie entre 1950 et 1966 : l’artiste tchèque Toyen, le cubain Jorge Camacho ou des artistes contemporains tels que Serge Pey et les artistes associés aux dynamiques éditions Venus d’Ailleurs.

Conçue comme un parcours-évènement sur quatre sites patrimoniaux remarquables, l’exposition s’attache à retracer l’histoire des relations que le surréalisme entretient avec l’alchimie en situant René Alleau à l’intercession entre plusieurs imaginaires : de « l’art magique » ancien à la modernité du mouvement d’André Breton et du surréalisme historique à la création contemporaine.

Profitant de la proximité géographique avec l’unique cabinet d’alchimiste connu dans un château médiéval en France, l’exposition présente une saison partagée avec le Château et domaine de Cénevières.

Maison Rignault

« Aspects de l’Alchimie traditionnelle »

Un premier temps de la visite met en scène un précieux corpus d’ouvrages, de planches et d’iconographies à caractère alchimique. Ce parcours fondé sur le principe d’initiation par l’image souhaite illustrer cette question à laquelle répond l’œuvre de René Alleau : Qu’est-ce que l’alchimie ?

Au tournant des XIXe et XXe siècles, la connaissance de cette « science » se fait sans distinction avec les disciplines initiatiques ou ésotériques. À l’intersection de la pratique et du savoir, la « transmutation du plomb en or » offre plusieurs lectures : celle d’une pratique « opérative » dont la transmission se fait par initiation, ou encore celle d’une recherche métaphorique sur une « quête plus individuelle de l’Absolu ».

René Alleau pour sa part la définit comme « une connaissance esthétique de la matière » tandis que Laurent Ségalini, historien de l’alchimie en offre une définition plus fidèle à l’énigme : « l’Alchimie est un art (savoir et pratique) sacré et secret, de la régénération et du perfectionnement de la Nature par le "feu" qui sépare "le subtil" de "l’épais" ».

Les emplois d’un langage ou d’une iconographie cryptés observables à travers les œuvres prêtées par le musée du Grand Orient de France, où les symboles foisonnent, vont tracer la voie vers une réappropriation littéraire et artistique qui l’assimile sur un plan métaphorique à une réforme de l’entendement, semblable à celle désirée par les surréalistes.

Par certains aspects, c’est par cet univers symbolique et textuel en gestation que le parcours surréaliste commence.

Maison Rignault

René Alleau, Rêveur définitif

L’origine de cette exposition repose sur la découverte d’un fond conséquent d’aquarelles réalisées par René Alleau, proche du groupe surréaliste, ami d’André Breton et spécialiste de l’histoire des sciences symboliques. L’ambition première d’une publication par les éditions Venus d’Ailleurs s’est rapidement doublée d’une volonté d’explorer les apports théoriques de René Alleau ainsi que ses nombreuses collaborations avec les surréalistes (André Breton, Dali, Jorge Camacho, revue MEDIUM, interventions, publications et correspondances).

Ses paysages aquarellés révèlent un travail de la couleur inégalé, inspiré d’une lecture des traités d’alchimie et de couleurs qui ne sont pas sans rappeler ceux de Newton, Goethe ou encore une propension au symbolisme par des évocations à l’œuvre de Gustave Moreau, Victor Hugo ou la tradition chinoise du paysage.

Maison Breton

« Vous qui avez du plomb dans la tête, faites-en de l’or surréaliste… »

Cette troisième partie explore plus intimement les rapports de l’alchimie à l’imaginaire surréaliste. L’univers des sciences symboliques telles que l’alchimie et les disciplines ésotériques participent dès les années 1920 d’un faisceau de références que le surréalisme après la Seconde Guerre mondiale tend à ériger en source d’un renouveau du merveilleux et des « mythes » modernes. Opérant un dialogue entre les collaborations et entreprises collectives tels que l’exposition de 1947 à la galerie Maeght, l’ouverture de la galerie de l’Etoile scellée (dont René Alleau suggère le nom), les artistes qui participent de sa programmation (Toyen, Brauner, Crépin…) ou bien encore la publication de l’Art magique.

Ce trait d’union entre les imaginaires alchimiques et poétiques se poursuit par l’épitaphe d’André Breton : « Je cherche l’or du temps ». Décédé en septembre 1966 des suites d’une attaque pulmonaire à Saint-Cirq-Lapopie, une sculpture est rapportée par ses amis de sa maison du Quercy et scellée sur sa tombe. Il s’agit d’une pierre polygonale interprétée par Radovan Ivšić comme le « portrait analogique du poète » qui représente à la fois l’étoile et la pierre philosophale.

Maison Lespagnol

Rebis, Venus d’ailleurs et le surréalisme contemporain

Trésor parmi d’autres, cette première exposition à l’occasion de l’ouverture du Centre International du Surréalisme et de la Citoyenneté Mondiale, donne la possibilité aux visiteurs de passer la porte d’une des plus belles maisons privées du village médiéval. En début ou en fin de parcours, selon le sens d’arrivée dans le village de Saint-Cirq-Lapopie, la Maison Lespagnol accueille une sélection d’artistes contemporains de sensibilités héritées du surréalisme afin de traiter et interpréter la question de l’alchimie. Agents du merveilleux et des utopies, ces œuvres offrent une création originale et étincelante entrant en dialogue avec les créations historiques de premiers choix présentées dans l’espace des Maisons Breton et Rignault.

Salle de la Fourdonne

Carte blanche à l'œuvre au noir de Serge Pey - Parcours souterrain de l'alchimiste

Exposition des 22 lames de tarot de l’artiste Serge Pey. Le travail de Serge Pey dans la poésie contemporaine se définit comme une articulation entre écriture et oralité. Se déclarant lui‐même comme un héritier des poésies du monde, il ouvre des passages dans les poésies traditionnelles des peuples sans écriture ou dans la poésie médiévale. Poète d’action, plasticien, romancier, philosophe du poème, il est l’auteur d’une centaine de publications en France et à l’étranger.

Château de Cénevières

Carte blanche à Yoan Armand Gil - Memoria Rediviva

Présentation de dessins de la série les vestiges et installation d’un dessin in-situ dans l’athanor du cabinet d’alchimie du Château de Cénevières. Les œuvres étincelantes de Yoan Armand Gil proposent une vision fantastique de la ruine entre non finito et poétique du fragment. Son dessin virtuose aux accents de graveurs maniéristes bat le rappel des peuples fantastiques, de l’univers des mythes et des symboles. Fragments d’un monde où se réfléchit l’empreinte du rêve et la curiosité savante, l’artiste appose par touches de bleu ciel ou saphir la matière du temps. Son œuvre ponctuera la lecture de ce château médiéval hors-norme, en s’installant le temps d’un été au sein de l’unique cabinet d’alchimie de la renaissance connu dans une demeure seigneuriale en France.